Le style bohème : entre sorcière chic et prof d’arts plastiques
- Corinne Cohen
- 14 août
- 3 min de lecture
Les pièces à garder, celles à brûler. Comment doser les franges sans déclencher une alerte mode. Le chapeau : accessoire ou cache-misère capillaire ?
Le style bohème est un terrain glissant. À mi-chemin entre la prêtresse des éléments et la prof d’arts plastiques qui collectionne les bagues en cuivre, il oscille entre sublime et ridicule avec une facilité déconcertante. Il suffit d’un détail mal dosé — une frange de trop, un imprimé trop chargé, un chapeau trop large — pour basculer du côté obscur du dressing.
Alors, comment naviguer dans cette esthétique sans sombrer dans le folklore ? Voici un guide sans concession.

Ce qu’on garde : les pièces qui sauvent le bohème
– La robe longue fluide : en lin, coton ou soie, unie ou subtilement imprimée. Elle évoque la liberté sans tomber dans le déguisement.– Le kimono structuré : pas celui qui traîne comme une nappe, mais celui qui apporte une touche graphique et élégante.– Les bijoux artisanaux : une manchette en métal martelé, une bague en pierre brute, un collier minimaliste en cuir. L’idée est de suggérer l’artisanat, pas de ressembler à une boutique de souvenirs.– Les bottines en daim : avec une coupe nette, une semelle solide, et surtout sans franges. Elles ancrent le look sans le folkloriser.
Ce qu’on brûle : les reliques du bohème caricatural
– Le poncho multicolore : sauf si tu vis dans une yourte et que tu t’appelles Aurore-Lune, c’est non.– Les franges en cascade : sur le sac, sur la veste, sur les bottes… Trop de franges tuent la frange. Une seule pièce frangée, bien choisie, suffit.– Les imprimés psychédéliques : le style bohème n’est pas une hallucination visuelle. On évite les motifs trop chargés, trop colorés, trop “festival de yoga sous LSD”.– Les headbands tressés : ils ont eu leur heure de gloire en 2008. Depuis, ils sont devenus le symbole du bohème périmé.
Franges : mode d’emploi
La frange est un accent, pas une ponctuation permanente. Elle doit être maîtrisée, contenue, presque suggérée. Une veste en cuir avec une frange discrète sur l’épaule ? Oui. Un sac avec une frange souple qui accompagne le mouvement ? Pourquoi pas. Mais dès qu’on dépasse deux éléments frangés, l’alerte mode est déclenchée. Et personne ne veut ressembler à une danseuse de country en goguette.
Le chapeau : accessoire ou cache-misère capillaire ?
Le chapeau bohème est un cas d’école. Large bord, feutre souple, couleur terreuse. Il peut être sublime, s’il est porté avec assurance et une coiffure maîtrisée. Mais trop souvent, il devient le refuge des cheveux en détresse, le cache-misère des racines oubliées, le camouflage d’un brushing raté.
La règle est simple : si tu mets un chapeau pour compléter ton look, c’est un accessoire. Si tu le mets pour cacher tes cheveux, c’est un aveu. Et dans ce cas, mieux vaut assumer une coiffure naturelle que de se planquer sous un couvre-chef trop voyant.
Le bohème, oui — mais avec discernement
Le style bohème peut être une merveille d’élégance libre, de sensualité discrète, de poésie vestimentaire. Mais il exige de la retenue, du goût, et surtout une conscience aiguë de la ligne à ne pas franchir.
On peut être sorcière chic sans ressembler à une chamane de centre commercial. On peut être prof d’arts plastiques sans adopter le vestiaire de la salle des profs. Il suffit de choisir, de doser, de trier.
Et si tu veux, je peux te rédiger le prochain sur “Le retour du corset : féminisme ou fétichisme ?” On continue à explorer les paradoxes du style.
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