Maquillage : tu n’es pas une palette de peinture

Il y a un moment dans la vie d’une femme où le maquillage cesse d’être un jeu d’expérimentation et devient… un champ de bataille. Les magazines te disent de “rester naturelle”, les influenceuses te bombardent de tutos contouring façon sculpture baroque, et les vendeuses te proposent des fonds de teint couvrants comme du béton ciré. Résultat ? Tu te retrouves devant ton miroir avec l’impression d’être une œuvre abstraite en cours de finition.

Stop. Tu n’es pas une palette de peinture. Tu es une femme, avec des traits, des expressions, des rides qui racontent des histoires. Le maquillage doit te sublimer, pas te camoufler. Et surtout, il doit te ressembler.

les couleurs sont un atout pas une décoration

Le maquillage, ce n’est pas une punition

À 20 ans, tu pouvais te maquiller avec un gloss à la fraise et un mascara sec, et tu avais l’air fraîche comme une rosée du matin. À 45+, tu as gagné en expérience, en finesse, en exigence. Mais le maquillage ne doit pas devenir une corvée, ni une tentative désespérée de remonter le temps.

Le but n’est pas de “faire jeune”. Le but est de faire toi. Une version lumineuse, affirmée, et un peu audacieuse de toi-même. Et si ça implique un rouge à lèvres qui claque ou un trait de liner bien placé, tant mieux.

La base — le teint, pas le plâtre

Le fond de teint, c’est le terrain de jeu le plus risqué. Trop couvrant, tu ressembles à une figurine en porcelaine. Trop léger, tu as l’air fatiguée. Trop mat, tu deviens terne. Trop glowy, tu brilles comme une boule à facettes.

Voici les règles d’or :

• Hydratation avant tout : une peau bien hydratée, c’est 50 % du travail. Et non, une crème anti-rides de 200 € ne fait pas de miracles si tu bois trois cafés et zéro eau.

• Fond de teint léger et lumineux : on veut un effet “peau vivante”, pas “peau photoshopée”. Les textures fluides, légèrement satinées, sont tes alliées.

• Correcteur ciblé : pas besoin d’en mettre partout. Juste là où il faut : cernes, rougeurs, petits caprices de la peau.

• Poudre ? Oui, mais avec parcimonie : juste sur la zone T, et avec une main légère. Tu veux fixer, pas momifier.

Et surtout, choisis une teinte qui respecte ta carnation. Le fond de teint orange, c’est non. Le fond de teint trop clair, c’est non. Le fond de teint qui s’oxyde et vire au kaki ? Brûle-le.

Les yeux — le regard, pas le chaos

Les yeux sont le miroir de l’âme, dit-on. Mais parfois, ils deviennent le miroir d’un tutoriel YouTube mal digéré. Entre les smoky eyes trop sombres, les fards pailletés façon discothèque, et les sourcils dessinés au compas, il y a de quoi perdre le nord.

Voici comment retrouver ton cap :

• Le fard à paupières : choisis des tons neutres, chauds, lumineux. Taupe, bronze, pêche, prune doux. Évite les bleus électriques et les verts acides, sauf si tu es en tournée avec ABBA.

• Le liner : un trait fin, bien placé, qui ouvre le regard. Pas besoin de faire une virgule qui touche la tempe. Et si ta main tremble ? C’est humain. Un coton-tige et un peu de démaquillant, et hop.

• Le mascara : ton meilleur ami. Il ouvre le regard, donne du peps, et te sauve même les jours de flemme. Choisis-le allongeant, pas épaississant façon pattes d’araignée.

• Les sourcils : redonne-leur une forme, une présence, mais sans les transformer en tatouage tribal. Un crayon ou une poudre, un brossage, et basta.

Et si tu portes des lunettes ? Encore mieux. Elles deviennent un cadre chic pour ton regard. Juste adapte l’intensité : inutile de faire un smoky eye si tes verres sont déjà teintés.

Les lèvres — l’audace maîtrisée

Les lèvres, c’est le terrain de jeu des femmes qui n’ont pas peur de s’affirmer. Et à 45+, tu as le droit — non, le devoir — de porter du rouge, du prune, du corail, du fuchsia. Ce n’est pas réservé aux jeunes. C’est réservé aux femmes qui ont quelque chose à dire.

Quelques conseils :

• Hydrate tes lèvres : un baume, un gommage doux, et elles seront prêtes à recevoir la couleur.

• Choisis la bonne texture : les mats peuvent être élégants, mais attention à l’effet “craquelé”. Les satinés et les crémeux sont souvent plus flatteurs.

• Le crayon à lèvres : pas obligatoire, mais utile pour éviter les débordements. Choisis-le proche de ta teinte naturelle ou du rouge à lèvres.

• Et si ça déborde un peu ? Tant mieux. Tu vis, tu parles, tu embrasses. Tu n’es pas une statue.

Et si tu veux juste un effet naturel ? Un gloss teinté, un baume coloré, et le tour est joué. Mais n’oublie pas : naturel ne veut pas dire fade.

Les couleurs — ni timide, ni clown

Le grand dilemme : quelles couleurs porter après 45 ans ? Les magazines te diront “des tons neutres, doux, discrets”. Traduction : deviens invisible. Non merci.

Tu peux tout porter, à condition de bien doser :

• Les tons chauds : terracotta, bronze, pêche, corail — ils réchauffent le teint et donnent bonne mine.

• Les tons froids : prune, mauve, rose framboise — ils donnent du chic et de la profondeur.

• Les couleurs vives : à utiliser en touche. Un rouge à lèvres, un trait de liner coloré, un fard lumineux.

Ce qui compte, c’est l’équilibre. Si tu mets l’accent sur les yeux, adoucis les lèvres. Si tu portes un rouge intense, garde les yeux sobres. Et surtout, fais-toi confiance. Ton instinct est souvent meilleur que celui des vendeuses en uniforme.

Le démaquillage — l’acte militant

Se maquiller, c’est bien. Se démaquiller, c’est vital. Et non, une lingette ne suffit pas. Le démaquillage, c’est le moment où tu dis à ta peau : “Merci pour ta patience, maintenant je prends soin de toi.”

• Un bon démaquillant : huile, lait, eau micellaire — choisis ce qui te convient, mais fais-le bien.

• Un nettoyage doux : pas besoin de frotter comme si tu voulais décaper une casserole.

• Une crème de nuit : hydratante, nourrissante, apaisante. Et si elle sent bon, c’est encore mieux.

Le maquillage, c’est une fête. Le démaquillage, c’est le retour à soi. Et les deux sont essentiels.

Le maquillage intérieur

Oui, je sais, ça sonne comme une phrase de coach de vie. Mais le maquillage, c’est aussi une question d’attitude. Une femme qui se sent bien, qui sourit, qui assume ses rides et ses envies, est toujours belle. Toujours.

Tu peux porter le meilleur fond de teint du monde, si tu tires la tronche, ça ne sert à rien. À l’inverse, un simple rouge à lèvres porté avec un sourire sincère peut illuminer une pièce.

Alors maquille-toi pour toi. Pour te sentir forte, belle, vivante. Pas pour plaire, pas pour cacher, pas pour tricher.

Le manifeste

Tu n’es pas une palette de peinture. Tu es une femme avec des nuances, des contrastes, des éclats. Ton maquillage doit être ton complice, pas ton camouflage. Il doit te suivre, t’amplifier, te célébrer.

Tu as le droit :

• De porter du rouge à lèvres à 8h du matin.

• De ne pas te maquiller du tout.

• De faire un smoky eye pour aller acheter du pain.

• De changer de style selon ton humeur.

• De te tromper, de recommencer, de t’amuser.

Le maquillage, c’est un outil. Pas une obligation. Pas une prison. Et surtout, pas une tentative de ressembler à quelqu’un d’autre.

Alors Corinne, prête à faire de ton miroir un alli